[Marseille S1] une carrière inattendue

Les appels des agents et des clubs se succédaient les uns après les autres. Entre propositions de joueurs et prise de contact avec les clubs pour ceux qui nous intéressaient, le président n'arrêtait pas. C'était à la fois hallucinant de voir la dose de travail que cela demandait et réconfortant de voir que Vincent se démenait autant. De mon côté, je m'étais renseigné auprès de l'entourage de certains joueurs, comme N'Jié ou Mexes, pour savoir l'intéressement dont ils pouvaient faire part au projet que nous avions mis en place, tout en continuant de discuter avec Steve et Nico, ainsi que leur agent respectif, afin de les faire prolonger. J'étais sûr que cela allait finir par payer.

Inutile de préciser ma joie lorsque j'appris la nouvelle pour Steve! C'était un véritable soulagement de pouvoir se dire que j'allais avoir un gardien concerné jusqu'à la fin de la saison, voir même la saison prochaine. Finalement, ce rendez-vous au restaurant et ces coups de téléphone avaient fait la différence. En ce qui concernait Nicolas, c'était plus compliqué. Il prendrait sa décision en fin de saison. En attendant, il nous avait donné sa parole qu'il ne parlerait, ou ne se mettrait d'accord, avec aucun club. C'était assez compréhensible, au vue de son ressenti sur le club et la vie à Marseille, mais il y avait un risque de perdre le joueur gratuitement. Cependant, la direction, le joueur et son agent s'étaient mis d'accord sur sa situation. Maintenant que ces deux cas étaient réglés, j'allais pouvoir me pencher sur les prochaines arrivées.

Vincent avait voulu faire une réunion afin de m'informer des différents dossiers. Tout d'abord, pour la défense, le dossier Basa était bien trop compliqué. Lille ne souhaitant pas le vendre à un club concurrent, idem pour Sanson avec Montpellier. Pour ce qui était des dossier Amavi, Gueye, Gomis, Saivet ou Masuaku les clubs n'étaient pas forcément très ouverts à un départ, car les joueurs étaient arrivés il y a peu de temps. Il allait donc falloir batailler si nous les voulions vraiment. Certaines pistes n'étaient pas intéressées par le projet comme Menez, Bastos ou Chedjou. Cela m'ennuyait assez, car j'avais fait d'Aurélien ma nouvelle priorité défensive afin de l'aligner aux côtés de Nkoulou, sans oublier que je lui en avais parlé et qu'il avait été assez attiré par l'idée. Pour les autres joueurs, nous avions le feu vert des clubs pour discuter avec et émettre une proposition digne de ce nom. Il restait plusieurs jours avant notre prochain match, le premier pour ma part et nous n'avions aucune recrue. Le président m'avait garantie qu'il se débrouillerait pour en avoir au moins une d'ici là. Il m'avait aussi annoncé qu'après avoir discuté avec Franck Passi, ce dernier allait être mon adjoint. La situation avec le staff de Michel était compliqué alors je ne devais me reposer que sur Franck. Au fond, j'espérais que tout se passerait bien entre nous mais j'appréhendais quelque peu.

Afin de creuver l'abcès et d'éviter tout problème ou mal entendu, j'avais décidé de l'appeler afin de lui expliquer comment j'avais été nommé à la tête de l'équipe et les raisons pour lesquelles j'avais besoin de lui. Il était clair que son rôle était primordial. Jusqu'à lors, je n'avais jamais entraîné d'équipe première. C'était bien différent d'entraîner des jeunes. Sans oublier qu'on parlait d'un club d'envergure de Ligue 1. Il avait compris et n'avait jamais douté de mes intentions. Il était seulement déçu par Vincent, car entre les sorties médiatiques et leurs entretiens en tête-à-tête, le discours n'était pas le même... Bizarrement, ce n'était pas la première fois que j'entendais cela... Quoi qu'il en soit, Franck et moi étions parés pour travailler ensemble jusqu'à la fin de la saison. De plus, je lui avais demandé de prendre ma place, les premières semaines, lors des conférences de presse. Le temps de travailler sur ce périlleux exercice, avec une responsable en communication que le club avait engagée pour me donner "quelques cours".

En plus de tout ceci, je devais préparer le premier match arrivait déjà. Il était tant de passer aux choses sérieuses. Pour ma première j'étais plutôt bien loti, puisque je jouais contre Guingamp (regarder le classement avant), mais il y avait quand même un hic... Ma première se ferait au Vélodrome! J'allais être directement plongé dans le grand bain! Sans compter que pour ma première, j'allais devoir faire sans recrue, malgré tous les efforts du président, mais aussi avec un Batshuayi blessé... Sur le papier la tâche ne s'annonçait pas si simple. J'allais devoir faire en sorte de faire les bons choix et de motiver les joueurs du mieux possible.

Au lendemain de cette victoire, je faisais déjà les gros titres de certains journaux, dont le quotidien "La Provence". Je n'aimais pas que l'on parle "d'effet Gallo"... Après tout, lorsque Michel est arrivé à la tête du club, le club avait gagné 6 - 0 contre Troyes puis 4 - 1 contre Bastia... La suite, on la connait. Les médias peuvent vite s'emballer. Je ne préférais pas m'attarder là-dessus et passer à autre chose.

En quelques jours, Vincent avaient réussi à faire arriver trois joueurs! Avec l'arrivée de Gueye, Romao avait préféré partir du côté du Bejisktas, car il était conscient qu'il n'aurait pas eu beaucoup de temps de jeu. De son côté, Vincent voyait avec la Juventus pour arrêter le prêt d'Isla. Je me réjouissais des arrivées de Rivière et de Clinton, qui me permettait d'avoir une solution de remplacement pour Batshuayi, pour le premier, ainsi que pour Nkoudou, pour le second. Les deux joueurs allaient devoir travailler leur physique. Emmanuel avait très peu joué ces derniers mois et était à cours de forme physique. Pour N'Jié c'était différent. Il avait accumulé les blessures à Tottenham et revenait petit à petit. Il serait près d'ici peu, mais il fallait lui faire jouer des bouts de matchs afin qu'il récupère sans risque de rechute. L'effectif commençait à prendre forme! J'étais satisfait de voir que tout se passait à merveille jusque là.

La vie d'un coach ne s'arrête jamais. À le premier matchs gagné et les premières recrues arrivées, que je devais déjà préparer notre prochain match. Quelques jours après Guingamp, nous recevions St-Etienne pour un match de quart de finale de coupe de la Ligue. Il est vrai que ce n'est pas la plus "prestigieuse" des coupes, mais elle avait l'avantage d'être la plus lucrative. De plus, dans ma philosophie du football, aucune compétition ne se prend à la légère. C'est en se montrant sérieux qu'on prouve aux adversaires et aux supporters qu'un club est compétitif.

Ce match allait s'annoncer bien différent de celui face à Guingamp. L'adversaire allait être tout autre et les enjeux aussi. Lorsqu'on est si proche du dernier carré, on veut tout donner pour y arriver. Qualitativement parlant, notre effectif était supérieur à mes yeux, mais en terme de confiance, nos adversaires nous étaient supérieurs! En championnat, St-Etienne était sixième à trois points du deuxième. Les verts réalisaient une super saison! Ils pouvaient être fiers de leur parcours, tout comme Galtier pouvait être fier de son travail.