[Marseille S1] une carrière inattendue

Un point était nécessaire sur la suite du recrutement hivernal. Les résultats et l'ambiance générale étaient au beau fixe, mais il ne fallait pas perdre de vue les objectifs vu avec la direction. C'est pour cette raison que Vincent m'avait convié dans son bureau. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le président n'avait pas une minute à perdre, en cette fin de mercato et entra directement dans le vif du sujet.

- Entre Rémi, s'écriat-il en m'entendant frapper à la porte
- Bonjour Vincent, vous allez bien?
- À merveille. Assieds toi, j'ai beaucoup de choses à te dire.
- Allez-y, je suis tout ouïe!
- Bon pour ce qui est des possibles arrivées. J'ai obtenue un accord de principe pour Jordan Amavi, il faut encore discuter des termes du contrat mais c'est en bonne route. Quand à De Ceglie, son club est prêt à le récupérer moyennant 150 000€.
- C'est très bon pour nous ça! Vous commencez bien cette réunion.
- Attend ce n'est pas terminé... Défensivement parlant, tu m'avais demandé trois joueurs. À savoir, Basa, Chedjou et Mexes.
- Oui et vous m'aviez expliqué que ce serait plus difficile qu'il n'y parait.
- Effectivement, je t'explique. Pour le premier, Lille refuse de le vendre à un concurrent. Après avoir discuté avec Michel Seydoux, il serait prêt à le laisser partir chez nous contre 15 millions... Ce qui est bien trop à mon gout.
- C'est beaucoup trop pour un joueur de son âge.
- C'est ce que je lui ai dit. Pour Mexes, il est en fin de contrat dans 6 mois et le Milan refuse de le lacher pour une offre inférieure à 7 millions d'euros. J'ai expliqué qu'on ne proposerait aucune offre au-dessus de 3 millions, mais les dirigeants de veulent rien entendre.
- Ils sont prêts à prendre le risque de le voir partir gratuitement plutôt que de gagner quelques millions dessus?
- Après, comme tu me l'a fait remarquer lors de précédents entretiens, nous sommes mal placés pour parler...
- Il est vrai que c'est presque une spécialité à l'OM, répondais-je en souriant. Malheureusement, mon public était beaucoup moins réceptif.
- Comme tu le dis. Il reste le cas Chedjou qui est un cas particulier. Son club est prêt à nous le laisser partir pour 10 millions, mais ils veulent un joueur pour compenser son départ.
- Donc nous allons devoir annoncer à Sparagna qu'il doit nous quitter?
- Il s'avère que les dirigeants Stambouliotes seraient intéressés par Rolando.
- Pardon? C'est une blague?
- Pas du tout. J'ai reçu une offre de 2 millions de leur part. Je leur ai expliqué que nous serions intéressés par Chedjou et ils sont d'accord pour le laisser partir. Le seul soucis c'est le joueur. Selon son entourage, il n'est pas du tout sensible à notre approche.
- C'est vraiment dommage...
- Effectivement, il va donc falloir que tu prospectes un autre joueur.
Je réfléchis quelques secondes puis, une idée me vint.
- N'aurions nous pas une autre alternative pour l'attirer?
- C'est-à-dire?
- Nous avons déjà deux camerounais au club avec N'Koulou et N'Jié... Ne serait-il pas possible de passer par eux pour l'attirer?
- Qu'ils jouent le rôle de VRP de luxe?
- Exactement! Qu'en dites-vous?
Ce fut au président de réfléchir quelques temps
- Sauf que tu as entendu Nicolas, vu comme il perçoit le club et la ville, je ne pense pas qu'il sera très élogieux...
- Laissez-moi m'en occuper. De plus, je suis sûr qu'au fond il sera très motivé à l'idée qu'Aurélien puisse être à ses côtés en défense. Surtout qu'il a tout à y gagner, tout comme nous.
- Pour lui, ce serait la possibilité d'être avec un ami sur et en dehors du terrain. Pour nous c'est la preuve que le club est bien dans un esprit de reconquête du titre et si nous réussissons à nous qualifier pour la ligue des champions, N'Koulou restera.
- Raisonnement plutôt plaisant, mais faut-il encore que N'Koulou soit d'accord...
- Je vais voir cela avec lui.
- Nous verrons bien. Si malgré tes efforts, Chedjou refuse de venir, tu devras finir la saison avec l'effectif actuel, car nous n'aurons plus assez de temps pour recruter un bon joueur.
- Je ferai donc mon maximum président.
- Bon maintenant, nous avons un autre soucis. Le club a reçu une offre de 5 millions pour Berrada. Je vais être franc, nous ne pouvons pas refuser une telle offre pour lui.
- Ce départ n'était pas prévu, rétorquais-je sans attendre.
- Je sais, mais nous devons aussi voir le côté économique et pas que le côte sportif. C'est un club du Golf et le contrat du joueur serait doublé.
- Je n'ai donc pas le choix c'est bien ça?
- C'est exact. Je te prends un peu de cour mais aurais-tu une idée pour le remplacer?
- Laissez-moi réfléchir quelques instant s'il vous plait
Je pris quelques minutes de réflexion, tout en examinent différent profils sur mon téléphone, grâce aux rapports des recruteurs.
- Il y a deux joueurs qui pourraient entrer dans notre projet je pense.
- Je t'écoute attentivement.
- Si on veut miser sur l'avenir et le talent, il y a le jeune Rennais, Ousmane Dembélé. Il a un profil très intéressant et pourrait très bien entrer dans notre projet.
- Il réalise un début de saison très intéressant effectivement.
- L'autre profil est plus... méconnu. Je pense à Sylvain Marveaux.
- Es-tu vraiment sérieux?
- Bien évidemment. C'était un excellent joueur lorsqu'il était à Rennes. Il a voulu tenter sa chance en Premier League avec Newcastle, comme beaucoup de français et il n'a pas réussi à s'imposer. La faute aux nombreuses blessures. Lorsqu'il a été prêté à Guigamp il y a deux saisons, il faisait un bon trio avec Beauvue et Mandanne. Ils ont été loin en Europa League, car il a aussi beaucoup fait.
Le président me regardait en acquiéssant de la tête. Petit à petit, j'arrivais à convaincre ce dernier avec de vrais arguments.
- Tu as raison Rémi. Lorsque je vois ta vitesse de réflexion, ainsi que les arguments dont tu fais part, je suis vraiment heureux de mon choix.
- Merci beaucoup président.
- Maintenant, je vais me mettre au travail.
- Quant à moi, je vais aller parler à Nicolas et Clinton pour Aurélien.

De retour chez moi, j'appelais N'Jié afin de lui expliquer la situation. Si ce dernier était heureux de savoir que le club était sur Chedjou et que nous avions besoin de lui pour nous aider à l'attirer, il y avait moins d'euphorie du côte de N'Koulou. Malgré tout, il savait le respect que j'avais pour lui. Il était donc d'accord pour jouer le VRP de luxe et essayer de faire tout son possible pour la venue du défenseur. J'étais heureux à l'idée de savoir que mes joueurs étaient si réceptifs. Je pensais que pour une fois tout irait bien pour le club et que nous vivions enfin une vie normal pour un club... C'était sans compter sur La Provence.

A peine l'article terminé, je m'empressais de prendre mon téléphone pour appeler Vincent Labrune. Après lui avoir expliqué ce que je venais de lire, il m'avoua qu'il avait bel et bien été contacté par l'entourage du joueur et son entourage afin de parler d'un possible retour en prêt. Il m'expliqua qu'il avait refusé, car il n'entrait pas dans nos plans. J'étais rassuré, mais il était maintenant tant de rassurer mes joueurs, notamment Alessandrini. Le temps que je sois en communication avec Vincent, il m'avait envoyé un message concernant l'article. J'essayais de l'appeler, mais il ne répondait pas. Je lui expliquais donc par message ce que le président m'avait dit sans oublier que je comptais sur lui et qu'il était indispensable dans mon système.

Après quelques jours à préparer notre demi finale face à Lyon, avec des séances vidéos, pour travailler sur les faiblesses de notre adversaire, et des séances spécifiques, afin d'appréhender au mieux la rencontre, je reçus un appel d'un numéro inconnu en rentrant d'un entraînement. Après avoir décroché, mon interlocuteur se présenta de suite, C'était Aurélien Chedjou. Il m'expliquait qu'il désirait me rencontrer afin de discuter d'un possible transfert. Il voulait en savoir plus sur le projet. Le rendez-vous était fixé.

J'étais anxieux à l'idée de le rencontrer. Il fallait trouver les mots pour convaincre le joueur de venir et ça n'allait pas être simple. J'étais arrivé sur place avant lui. À peine installé à ma table, Aurélien suivi, accompagné de sa femme Léonie. Une fois les présentations faites, il était temps de commencer le repas.

Le temps passait à une vitesse folle. L'ambiance était au rendez-vous. Il y avait un bon feeling entre Aurélien et moi. Le serveur venait de prendre commande de nos desserts. Il était donc temps de passer au choses sérieuses.

- Ce repas était très agréable, dit Aurélien en rendant la carte au serveur.
- Et très bon, ajouta sa femme Léonie.
- Effectivement, c'est un des meilleurs restaurant de la ville. Heureux de savoir que vous avez appréciés mon choix.
- C'était très bon effectivement. Il y eu un petit silence avant que Chedjou n'ajoute, Si nous parlions de l'OM maintenant.
- Très bien! Il y a des choses à dire!
- C'est claire... Nicolas et Clinton m'ont vendus les mérites du club, que ce soit à travers ses installations, le public ou le stade.
- Oui, le centre d'entrainement a été refait il y a quelques années, mais les installations sont de premier ordre. Le Vélodrome est flambant neuf et enfin couvert! Cela permet à nos supporters d'être à l'abri et le bruit des chants s'entend encore plus. L'ambiance est impressionnante!
- Ils m'ont effectivement parlés de l'ambiance et je l'ai connu en venant jouer avec Lille. C'était toujours bouillant lorsqu'on se déplaçait au Velodrome.
- Sans oublier le principal, le nouveau projet mis en place.
- C'est justement de cela que j'aimerais parler... J'aimerais vraiment en savoir plus. Mon rôle, les garanties, le futur du club, le projet en lui même... Beaucoup de questions auxquelles je n'ai pas de réponse.
- Je vais essayer de répondre à tes questions du mieux possible. Tout d'abord le projet. Je ne sais pas si tu suis encore la Ligue 1?
- Si je la suis toujours, notamment Lille.
- Forcément, alors comme tu as pu le constater, depuis le titre de champions de France, le club a connu plusieurs difficultés, aussi bien en interne qu'au niveau des résultats.
- Le rachat de Paris n'a pas aidé non plus.
- Clairement! Impossible de concurrencer un tel club avec les moyens colossaux dont il dispose. Enfin, ça c'était avant, car ma façon de penser est autre. C'est ce qui a fait la différence durant les rendez-vous que j'ai pu avoir avec le président.
- C'est-à-dire?
- Prenons deux exemples... Séville et l'Atlético. Concidères-tu que ces clubs ont de grandes stars?
- Ils ont de grands joueurs.
- Oui, mais ont-ils des joueurs stars qui font partis du top 3 à leur poste? Je peux déjà répondre pour toi, non aucun. Qu'est ce qu'ils ont? Ils ont une envie commune et un vrai collectif.
Aurélien me regardait intéressé et dubitatif.
- Pourtant ces deux clubs réussisses de grosses performances. Séville est double tenant du tire de champion en Europa League et l'Atletico a joué récemment une finale de Champion's League et lutte pour le titre. Notre projet est identique. Créer un collectif, animé de l'envie de se surpasser.
- Je comprends.
- Avant d'arriver à ce niveau, il faut y aller étape par étape. Le début de saison a été calamiteux! C'est pour cette raison que je suis le 4ème coach du club cette année. Notre position actuelle ne reflète pas la valeur de notre effectif. Nous avons décidé avec le président de nous renforcer cet hiver, avec des joueurs de qualités, afin de réaliser notre objectif. C'est pour cela que j'ai besoin de toi.
- C'est quoi votre objectif?
-  Je ne vais pas te mentir. Je vise la 5ème place, afin de viser une qualification en Europa League. J'aimerais faire un coup en coupe si possible. Le président avait visé au minimum les quart de finale, aujourd'hui nous sommes en demi face à Lyon. L'autre match se joue entre Sochaux et Paris...
- Autrement dit, Paris sera en finale.
- Voilà. On ne va pas se mentir, un possible PSG - OM en finale de coupe de la Ligue est toujours très sympathique. Enfin, il faut d'abord passer Lyon, mais j'y crois. Enfin on s'éloigne du sujet. Mes objectifs sont la 5ème place minimum et un petit coup, si possible, en coupe. Je pense que tout ceci sera possible.

Nous avons continué de parler du club, du projet, des objectifs, de mes attentes le concernant, de son possible rôle au sein de l'effectif. Léonie voulue, elle aussi, en savoir plus, notamment sur la ville, ses écoles, les résidences pour les joueurs... Des questions que l'on poses pour savoir si toute la petite famille pourrait être bien ici. Ce repas m'avait rassuré sur la possible venue de Chedjou.


A deux jours de notre demi-finale face à Lyon, Vincent Labrune voulu organiser une conférence de presse l'après-midi. Les rumeurs de transferts n'arrêtant pas, j'imaginais aisément qu'il voulait mettre les choses aux clairs auprès de la presse. J'avais été convoqué, par le président le matin de la conférence afin de parler ensemble du futur sujet de la conférence de presse. La surprise fut de taille lorsqu'en entrant dans le bureau du président je vis... Aurélien Chedjou, accompagné de Sylvain Marveaux et Jordan Amavi! J'avais été convoqué pour me présenter les nouvelles recrues avant la presse!

En rentrant chez moi du soir, j'étais heureux de pouvoir compter sur nos nouvelles recrues. Notre effectif était à la hauteur de ce que j'attendais. Les promesses du président avaient été tenues. J'étais confiant pour le reste de notre saison et notre futur match face à l'Olympique Lyonnais.

On est jamais vraiment tranquille à Marseille. Les années passent, tout comme les membres, mais certaines choses de changent pas. Les rumeurs de transfert du possible retour de Florian Thauvin étaient de plus en plus persistantes. Malgré ce que Vincent Labrune avait pu me dire, les différents quotidiens sportifs assuraient que les négociations étaient en bonne voix.

Il était important à mes yeux que les choses soient claires. Je pris donc la décision d'appeler le président.

- Bonjour Rémi, comment vas-tu?
- Ça va plutôt pas mal mais quelque chose m’embête quelque peu... J'entends de plus en plus parler d'un possible retour de...
- Florian Thauvin. Effectivement, la presse en parle beaucoup.
- Ce ne sont que des spéculations non?
- Ça l'était, mais depuis peu, le contact avec Newcastle a bien été pris.
- Pardon? Pourquoi?
- La famille m'a appelé. Il a beaucoup de regrets d'être parti comme ça, il aimerait revenir. De plus, c'est un joueur et un homme que j'aime beaucoup. J'ai longuement parlé avec lui et il aime sincèrement le club.
- Très bien, mais il me semble que je devais avoir le dernier mot pour les transferts?
- Nous te l'avons dit avec Margarita. Seulement, vois plutôt cette opportunité comme un atout supplémentaire afin de réaliser notre objectif.
- Un atout? Nous avons Romain et Bouna pour jouer à droite. Nous avons déjà du nous séparer d'Ocampos et vous voulez me redonnez un élément capable de jouer à droite?
- Pas seulement. Il est capable de jouer à gauche et dans l'axe, en soutien de l'attaquant.
- Peut-être, mais on sait très bien qu'il est meilleur à droite.
- C'est toi qui prendra la décision de son positionnement.
- Donc, pour ce transfert, je n'ai pas mon mot à dire.
- Je ne comprends pas. Nous te donnons la possibilité d'avoir un élément de qualité à notre effectif et tu veux n'en voudrait pas.
- Il ne fait pas parti du projet. Sans oublier que l'on a déjà deux éléments pour jouer à chaque poste. On s'est étoffé qualitativement alors je ne vois pas ce qu'il pourrait nous apporter.
- Un joueur de son calibre apporte toujours quelque chose en plus.

Je n'avais pas eu le choix, Thauvin faisait son retour au club à quelques jours de la fin du mercato. Je n'avais rien eu à dire. J'avais cru ce que Vincent m'avait dit, mais finalement, je n'avais pas mon mot à dire sur tous les transferts. Peut-être que Nkoulou et Mandanda avaient raison. Je devais rester intègre et appeler Alessandrini afin de lui expliquer la vérité. Il ne répondit pas à mes deux appels, je décidais donc de lui laisser un message court, mais concis.

- Salut Romain. Je voulais te parler de la venue de Florian. Sache que je n'étais pas d'accord pour qu'il nous rejoigne, mais le président ne m'a pas laissé le choix. Tu peux me croire, je ne cherche pas à créer de conflit. Je veux seulement que tu comprennes que je ne t'ai pas menti et que malgré cette arrivée, tu restes et resteras mon favori à droite. Il ne faisait pas parti du projet et je ne le désirais pas, alors n'ai aucune inquiétude pour ta place. Passe une bonne journée et n'hésite pas à me rappeler.

J'imaginais qu'il n'était pas en situation de pouvoir répondre maintenant, s'il n'avait pas souhaité répondre volontairement je trouvais cela compréhensible. Je ne sais pas comment j'aurais réagi si j'avais été à sa place. Si je n'avais pas de réponse de sa part d'ici l'entrainement, nous aurons une conversation à la fin de ce dernier.

Nous avions finalement discutés par téléphone quelques minutes après mon message. Il n'y avait aucune tension entre nous. Il savait que cette décision n'était pas la mienne et n'était en rien démoralisé par la venue de Florian. Il était même prêt à redoubler d'efforts. Toute l'équipe restait concentrée et investie dans le travail en route et les joueurs allaient le prouver lors des deux prochaines rencontres.

Les bons résultats s’enchaînaient. Nous étions sur la bonne voie. Je ne visais pas plus haut que la cinquième place après le début de saison calamiteux de notre équipe mais finalement, le classement actuel pouvait nous laisser espérer de bonnes choses si nous continuions ainsi. Les joueurs me paraissaient déterminés. Il valait mieux, car la prochaine rencontre allait permettre de juger nos progrès face à l'ogre, qui plus est notre ennemi juré, de la Ligue 1.